top of page

La collection Picasso stupéfiante à l'hôtel Salé

Nous avons le privilège de contempler l'accrochage permanent de la collection d'art qui, depuis mars 2024, a pris place sur trois étages de l'Hôtel Salé. Une rénovation profondément enracinée au sein de la vision novatrice qui gouverne désormais le musée.


Date : Depuis mars 2024

Envies : Picasso, lieu extraordinaire, rétrospective, innovation.




Il y a un demi-siècle, le 8 avril 1973, le monde perdait Pablo Picasso à l'âge vénérable de 91 ans, laissant dans son sillage une abondance incroyable de créations artistiques. À la suite d'une entreprise colossale d'inventaire qui s'étala sur plusieurs années après son décès, plus de 3700 pièces directement issues des ateliers du maître furent intégrées aux collections nationales, formant ainsi le noyau central du Musée national Picasso-Paris.



La collection Picasso
La collection Picasso

Depuis son inauguration en 1985, cette collection n'a cessé de s'enrichir, offrant au public une fenêtre sans cesse renouvelée sur l'œuvre de l'un des plus éminents artistes du XXe siècle. À travers une sélection de plus de soixante-dix œuvres emblématiques du Musée national Picasso-Paris, comprenant des peintures, des sculptures, des dessins et des céramiques, cette exposition met en lumière la diversité des techniques et des styles explorés par Pablo Picasso au cours de sa vie prolifique et constamment innovante. De l'éclosion du cubisme aux années 1960, cette exposition éclaire une série de moments charnières et de thèmes transversaux qui traversent l'ensemble de son œuvre.



L'Hôtel Salé, une institution dont l'histoire est tout aussi fascinante, se présente comme le plus grand, le plus extravagant, voire le plus excentrique des palaces parisiens du XVIIe siècle !


L'Hôtel Salé, tel que l'a si bien décrit Bruno Foucart en 1985, se démarque en tant que "le plus grand, le plus extraordinaire, pour ne pas dire extravagant des grands hôtels parisiens du XVIIe siècle". Il a connu une série de résidents au fil des siècles, ce qui constitue un trait caractéristique de cet édifice paradoxal. Avant de devenir un musée, il était relativement peu habité, mais loué à divers particuliers de prestige et à des institutions.


Sa construction fut entreprise par Pierre Aubert de Fontenay, à la même époque que la réalisation de la célèbre et ambitieuse demeure de Vaux-le-Vicomte par Nicolas Fouquet. Pierre Aubert, protégé de Fouquet, avait réussi à accumuler une fortune considérable dans les années 1630-1640, le propulsant au rang de financier majeur à Paris. Il exerçait également les fonctions de conseiller et de secrétaire du roi, ce qui lui conférait un statut important. Sa charge consistant à collecter l'impôt sur le sel au nom du roi, lui a valu le surnom de "l'Hôtel Salé".

L'acquisition future de l'hôtel Salé par Pierre Aubert était un témoignage de son désir de mettre en avant sa nouvelle ascension sociale. Il opta pour un emplacement encore relativement peu bâti, un quartier que Henri IV avait cherché à développer en construisant la Place Royale (aujourd'hui la Place des Vosges). Cette extension urbaine du Marais historique jouxtait l'Hôpital Saint-Gervais et ses terres cultivées, qui, au fil du temps, se transformèrent en propriétés tenues par les religieuses de Saint-Anastase. Pierre Aubert, seigneur de Fontenay, acheta un terrain de 3 700 m2 situé au nord de la rue de la Perle le 16 mai 1656, pour la somme de 40 000 livres, à ces dernières. Il choisit un jeune et obscur architecte du nom de Jean Boulier de Bourges (ou Jean de Boullier) pour concevoir l'hôtel. Jean Boulier provenait d'une famille de maçons du quartier, et son grand-père avait déjà travaillé pour la belle-famille de Pierre Aubert de Fontenay, les Chastelain. Trois ans plus tard, en 1659, les travaux s'achevèrent et Pierre Aubert put emménager dans son nouvel édifice. Le décor sculpté, dont celui somptueux de l'escalier principal, fut confié aux frères Gaspard et Balthazar Marsy, ainsi qu'à Martin Desjardins.


L'Hôtel Salé incarne un exemple caractéristique de l'architecture mazarine, une période marquée par un profond renouvellement des formes architecturales, stimulé par de nouveaux commanditaires tels que Pierre Aubert. Le baroque italien, introduit par le cardinal Mazarin, était alors en vogue et incita les architectes à concevoir de nouvelles proportions, les combinant avec l'héritage de François Mansart. Ainsi, l'Hôtel Salé présente un corps de bâtiment double et une double suite de pièces, une innovation qui permit d'agrandir la surface. Son plan asymétrique divise la façade sur cour en deux grâce à une aile perpendiculaire, séparant ainsi la cour d'honneur de la basse-cour. La cour elle-même reflète les tendances innovantes de l'époque en s'inscrivant dans une courbe élégante qui dynamise la façade. Celle-ci est rythmée par sept travées d'ouverture qui mettent en avant l'avant-corps central sur trois niveaux.

Le fronton du petit avant-corps, de style classique, fait écho à Mansart ; au-dessus de lui, l'immense fronton orné d'armoiries, de guirlandes, de fruits et de fleurs, s'inscrit dans la mouvance baroque. La profusion de sculptures décoratives, telles que les sphinges et les amours, signe également le caractère globalement baroque de la façade, bien que celle donnant sur le jardin soit plus sobre.


Enfin, le grand escalier est la pièce maîtresse de cette résidence. Il s'inspire du système d'escalier de Michel-Ange à la Bibliothèque Laurentienne de Florence. Il ne s'agit pas d'une cage fermée, mais de deux volées de marches imposantes, surmontées d'un balcon en saillie, puis d'une galerie. Jouant habilement avec les effets de perspective et les vues en plongée, cet escalier est une véritable salle de spectacle en soi. Quant à la décoration sculptée en stuc, elle a été décrite comme "une sorte de traduction plastique des peintures d'Hannibal Carrache à la Galerie Farnèse" par Jean-Pierre Babelon : aigles tenant le foudre, génies entourés de guirlandes, pilastres corinthiens et divinités variées, tout cela crée un tourbillon visuel captivant.

En 1660, Pierre Aubert de Fontenay acquiert diverses constructions qui entravaient l'accès à la rue Vieille-du-Temple à travers les jardins. Parmi celles-ci se trouvait un jeu de paume qui abritait le Théâtre du Marais de 1634 à 1673, où Corneille créa ses premières pièces, Pierre Aubert maintenant le bail des comédiens qui y exerçaient leur art.


Malheureusement, Pierre Aubert ne profita pas longtemps de cette splendeur, car sa chute survint en 1663, en même temps que celle de Fouquet. Suite à sa ruine, ce luxueux hôtel attira l'avidité de nombreux créanciers. Une longue bataille juridique s'étendit sur soixante ans. Pendant ce temps, l'hôtel fut loué à la République de Venise pour y établir son ambassade, puis il fut vendu en 1728. En 1790, en tant que bien confisqué à un émigré, il fut saisi et utilisé pendant la Révolution comme "dépôt national littéraire", servant à entreposer et inventorier les livres provenant des couvents du quartier. En 1797, il fut vendu à nouveau et resta dans la même famille jusqu'en 1962. Au cours de cette période, il fut loué à diverses institutions, notamment la pension Ganser et Beuzelin, fréquentée par Balzac, puis à l'École centrale des arts et manufactures (de 1829 à 1884), qui modifia considérablement l'aménagement intérieur du bâtiment. Par la suite, il fut occupé par un maître bronzier et ferronnier d'art, Henri Vian, suivi d'un consortium exerçant la même activité (jusqu'en 1941), avant de devenir, à partir de 1944, l'École des métiers d'art de la Ville de Paris. La Ville finit par acquérir l'hôtel en 1962, date à laquelle il fut classé Monument Historique le 29 octobre 1968.


À ce moment, les aménagements originaux avaient été en grande partie perdus. La période de restauration de l'hôtel, réalisée de 1974 à 1979, permit de rétablir la plupart de ses volumes initiaux, avant le réaménagement orchestré par l'architecte Roland Simounet.


Un lieu incroyable qui accueillera une collection extraordinaire de Picasso...


Date : A Partir de mars 2024

Envies : Picasso, lieu extraordinaire, rétrospective, innovation.

1 Comment

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
Guest
Sep 12
Rated 5 out of 5 stars.
Like

DERNIERS ARTICLES

bottom of page