Le musée Zadkine dévoile la toute première exposition monographique parisienne consacrée à Chana Orloff depuis 1971. Avec une réunion d'environ une centaine d’œuvres, cette exposition offre une opportunité unique de redécouvrir une artiste autrefois célébrée de manière exceptionnelle de son vivant, mais qui demeure injustement méconnue de nos jours, bien que son œuvre soit solidement représentée dans les collections françaises et internationales, notamment en Israël.
Date: du 15 novembre 2023 au 31 mars 2024
Lieu : Musée Zadkine
Envie : Sculpture, féminisme, rétrospective, Israel
Situé à proximité de l'atelier que l'artiste occupait au début de sa carrière rue d’Assas, le musée Zadkine semble être l'écrin idéal pour rendre hommage à Chana Orloff. Les sculptures de Chana Orloff entrent en dialogue ponctuel avec celles du maître des lieux, le sculpteur Ossip Zadkine, qui connaissait bien l'artiste en tant qu'exact contemporain. Leurs parcours présentent des similitudes frappantes, tous deux d'origine juive, nés dans l'Empire russe - elle en Ukraine actuelle et lui en Biélorussie actuelle. Parisiens de cœur, familiers du quartier de Montparnasse, Chana Orloff et Ossip Zadkine ont suivi des routes parallèles et indépendantes.
L'exposition dévoile une figure féminine forte et indépendante au travers du travail emblématique de l'École de Paris qui a marqué son époque. Elle met en lumière les grands thèmes chers à Chana Orloff, du portrait qui lui a valu reconnaissance et indépendance économique, à la représentation du corps féminin et de la maternité, thèmes classiques de la sculpture occidentale.
Chana Orloff, née en 1888 dans l'actuelle Ukraine, avait un destin atypique qui ne la prédestinait pas à devenir l'une des sculptrices les plus renommées de l'École de Paris. Élevée dans une famille juive émigrée en Palestine, elle débarque à Paris en 1910 pour poursuivre des études de couture. Cependant, dans cette capitale en pleine effervescence artistique, Chana Orloff découvre sa passion pour la sculpture. Côtoyant les artistes de Montparnasse, dont des figures telles que Modigliani ou Soutine, qui deviennent ses amis, elle forge un style personnel et inimitable. Ses portraits, à la fois stylisés et ressemblants, lui assurent le succès et lui permettent de "faire l'époque".
La période entre les deux guerres voit l'ascension impressionnante de Chana Orloff : elle expose en France et à l'étranger, obtient la nationalité française en 1926 après avoir reçu la Légion d'honneur l'année précédente. En 1937, elle participe à la grande exposition des Maîtres de l'art indépendant organisée au Petit Palais à Paris. Cependant, la Seconde Guerre mondiale interrompt brutalement son succès. Persécutée en raison de ses origines juives, Chana Orloff échappe de peu à la rafle du Vel d'Hiv avec son fils et parvient à fuir en Suisse.
De retour d'exil en 1945, elle découvre son atelier saccagé, mais reprend la sculpture. Entre la France et Israël, elle réalise plusieurs monuments, dont la poignante "Maternité Ein Gev", présentée en modèle grandeur nature dans l'exposition. Chana Orloff s'éteint en 1968, un an après Ossip Zadkine.
COMMISSARIAT Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef, directrice du musée Zadkine Pauline Créteur, chargée de recherches à la Bibliothèque nationale de France.
Date: du 15 novembre 2023 au 31 mars 2024
Lieu : Musée Zadkine
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