Un siècle après leur rencontre en 1914, cette exposition propose de revenir sur l'un des moments marquants de la vie d'Amedeo Modigliani : celui où Paul Guillaume devient son marchand. L'objectif est d'explorer la façon dont la relation entre ces deux personnages peut éclairer la carrière de l'artiste.
EXPOSITION TERMINEE
Date : Du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024
Lieu : Au musée de l'Orangerie
Envies : Peinture, intimisme, littérature, Modigliani artiste.
À son arrivée à Paris en 1906, Modigliani, artiste d'origine italienne et juive, se consacre à la peinture. Sa rencontre avec Constantin Brancusi, sculpteur d'origine roumaine, en 1909, est une révélation pour lui : il se lance dans la sculpture et y consacre presque exclusivement son temps jusqu'en 1914. Sa rupture avec cette pratique est aussi soudaine que totale : de 1914 jusqu'à sa mort en 1920, il renoue avec la peinture et produit de nombreux tableaux axés principalement sur la figure humaine. C'est cette période de peinture qui constitue le cœur de la relation entre l'artiste et le marchand. Paul Guillaume l'encourage, lui loue un atelier à Montmartre et fait connaître ses toiles dans les cercles artistiques et littéraires parisiens. Il achète, vend et collectionne ses œuvres.
C'est grâce au poète Max Jacob (1876-1944) que le jeune galeriste et collectionneur Paul Guillaume aurait découvert Modigliani en 1914. Il devient vraisemblablement son marchand, comme en témoignent les lettres échangées entre Paul Guillaume et son mentor, le poète et critique d'art Guillaume Apollinaire (1880-1918), alors au front. C'est dans ce contexte parisien que Modigliani immortalise son galeriste dans une série de portraits peints et dessinés qui sont restés célèbres : il en réalise pas moins de quatre entre 1915 et 1916. Le premier d'entre eux, conservé au musée de l'Orangerie, témoigne de la relation privilégiée entre le marchand et l'artiste. Guillaume, alors âgé de seulement vingt-trois ans, est représenté en costume, ganté et cravaté, tel un pilote visionnaire de l'avant-garde, avec les mots "Novo Pilota" surplombant le tableau. Cette inscription laisse entrevoir l'espoir suscité par le galeriste chez le peintre. Guillaume, à travers ses récits, décrit également un Modigliani plus intime, avec qui il partage des affinités artistiques et littéraires. Leur intérêt commun pour l'art africain est évident, tout comme leur sensibilité à la littérature et à la poésie. Guillaume se souvient ainsi que Modigliani "aimait et jugeait la poésie, non pas de manière froide et académique, mais avec une âme mystérieusement douée pour les choses sensibles et aventureuses". Outre les cinq peintures de Modigliani conservées aujourd'hui au musée de l'Orangerie, Paul Guillaume aurait eu entre les mains plus d'une centaine de tableaux, une cinquantaine de dessins et une dizaine de sculptures de l'artiste. Ce nombre témoigne à la fois de l'implication du marchand dans la promotion de l'artiste et de son goût personnel pour ses œuvres, largement présentes sur les murs de ses différents appartements. On y trouve des portraits de personnalités marquantes de la scène parisienne de l'époque, tels que Max Jacob, André Rouveyre, Jean Cocteau, Moïse Kisling, ainsi que des modèles inconnus. On peut également admirer de magnifiques ensembles de portraits des femmes qui ont partagé la vie du peintre, comme l'écrivain Béatrice Hastings et la jeune peintre Jeanne Hébuterne, sa dernière compagne et la mère de son enfant.
Cette exposition évoquera, à travers une sélection d'œuvres emblématiques, les différentes caractéristiques de cet ensemble artistique tout en explorant les liens entre le peintre et son marchand dans le contexte artistique et littéraire parisien des années 1910. Elle mettra également en lumière le rôle de Paul Guillaume dans la diffusion de l'œuvre de Modigliani sur le marché de l'art en France et aux États-Unis dans les années 1920.
Qu'est-ce qui rend Modigliani si aimé et apprécié de tant de personnes à travers le monde ?
Modigliani, un artiste dont le nom résonne avec admiration et fascination, continue de captiver nos esprits et de susciter un amour indéfectible. Mais pourquoi cet engouement pour son œuvre perdure-t-il ?
Tout d'abord, il y a cette singularité incontestable qui émane des tableaux de Modigliani. Son style distinctif, reconnaissable entre tous, se caractérise par des formes allongées et stylisées, des visages aux yeux en amande, des cous élégamment étirés et des couleurs souvent sobres et intenses. Cette esthétique unique attire immédiatement notre regard et crée une impression durable. Les compositions saisissent l'essence même de la figure humaine, capturant à la fois sa beauté et sa vulnérabilité, son mystère et sa fragilité. Les contours fluides et les lignes harmonieuses semblent évoquer une douceur éthérée, ajoutant une touche de poésie à chaque toile.
Ensuite, il y a cette intensité émotionnelle qui émane de ses portraits. Les visages peints par Modigliani semblent exprimer toute une gamme de sentiments et d'expériences humaines. Ils nous invitent à plonger dans l'âme de ses sujets, à ressentir leurs émotions les plus profondes. Chaque regard, chaque expression est captivant, nous donnant un aperçu de la condition humaine et de sa complexité. Il y a une sincérité et une authenticité troublantes dans ses portraits qui résonnent avec notre propre vécu et nous touchent au plus profond de notre être.
De plus, Modigliani a le don de transcender les époques et les frontières. Son art traverse les générations, continuant de toucher et d'inspirer des millions de personnes à travers le temps. Sa capacité à capturer l'essence intemporelle de la beauté humaine, à transcender les limites de la réalité, fait de lui un artiste universellement apprécié. Son art nous rappelle que les émotions et les expériences humaines sont universelles, qu'elles traversent les barrières culturelles et linguistiques. Modigliani nous offre une connexion profonde avec notre humanité commune.
Les commissaires de l'exposition sont Cécile Girardeau, conservatrice au musée de l'Orangerie, et Simonetta Fraquelli, commissaire indépendante et historienne de l'art.
Date : Du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024
Lieu : Au musée de l'Orangerie
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