La préfecture de police a émis un ordre strict visant à retirer ces boîtes vertes emblématiques utilisées lors des festivités, invoquant des raisons de sécurité. Cette décision a suscité une inquiétude légitime chez le président de l'Association culturelle des Bouquinistes de Paris, Jérôme Callais, qui s'alarme du nombre important de boîtes qui devront être détruites et reconstruites à partir de zéro, estimant que cela sera un véritable "massacre" avec potentiellement 200, 300, voire 400 boîtes concernées.
Petite histoire des bouquinistes parisiens...
Depuis des siècles, les bouquinistes de Paris ont joué un rôle unique dans le paysage culturel de la capitale française. Leur histoire remonte à la fin du XVIIIe siècle, où ils étaient autrefois connus sous le nom d'"estaleurs". Ces "pauvres libraires", incapables de tenir une boutique et de vendre des livres neufs, étalaient des ouvrages anciens le long des quais de la Seine et sur le Pont-Neuf.
Cependant, cette pratique fut interdite par plusieurs arrêts, notamment par un décret en date du 20 octobre 1721, sous peine de sanctions sévères, allant jusqu'à la confiscation, l'amende et la prison. Malgré ces contraintes, les colporteurs persistèrent dans leur activité et continuèrent de vendre des livres, même si cela se faisait de manière plus discrète.
Au fil du temps, les bouquinistes ont réussi à s'établir durablement dans le paysage parisien. Leur présence le long des quais de la Seine devint une caractéristique iconique de la ville, offrant aux Parisiens et aux visiteurs une expérience unique de la lecture en plein air. Les boîtes vertes distinctives des bouquinistes, alignées le long des berges, sont devenues une véritable institution, accueillant une variété de livres anciens, de gravures, de cartes postales et de souvenirs littéraires.
Leurs échoppes pittoresques et bien-aimées ont traversé les époques, survivant à des périodes de troubles, de guerres et de bouleversements sociaux. Les bouquinistes ont été témoins de l'évolution de Paris, et ils sont devenus autant les gardiens d'une histoire spécifique que de véritables ambassadeurs culturels de la ville lumière.
En reconnaissance de leur rôle historique et culturel, les bouquinistes ont été inscrits au patrimoine culturel immatériel français en 2019. Leur préservation et leur maintien en tant que patrimoine vivant sont essentiels pour préserver cet héritage littéraire unique, qui continue d'attirer l'attention et l'admiration des visiteurs du monde entier.
Qu'en pense la Mairie de Paris ? Initialement, la mairie de Paris avait envisagé de maintenir les boîtes sur place, scellées et fermées sept jours avant et pendant les Jeux, tout en faisant appel aux services de déminage. Une autre solution proposée lors d'une réunion de concertation en date du 10 juillet dernier consistait à déplacer les boîtes aux Olympiades, dans le XIIIe arrondissement, même si cela présentait également le risque de les endommager. Néanmoins, ces propositions n'ont pas été retenues par la préfecture de Paris.
Suite à cette réunion de concertation, les bouquinistes ont reçu un questionnaire pour exprimer leur avis sur la proposition de la ville. Force est de constater que cette dernière n'a pas été bien accueillie... Une libraire, avec un brin d'humour, décrit la situation en affirmant que la ville souhaite les "déboîter", mais elle apprécie tout de même que leur avis soit pris en considération, comme elle l'a exprimé auprès du magazine Marianne.
Une affaire clivante qui divise les parisiens...à suivre...
Waouh ils ont gagné la partie !